Ah l'Italie... Ses tours pas droites, ses plages remplies d'Allemands en chaussettes et sandales, ses mains qui parlent mieux que soi-même, ses plats traditionnels que nous français hautains dégustons en boîtes de conserve... Développé par Santa Ragione et publié sur Nintendo Switch par Mixed Bag, Wheels of Aurelia nous fait voyager à travers ce pays fabuleux dans l'époque particulière des années 70 et nous offre ici plus qu'un jeu, une véritable expérience minimaliste qui pourrait déstabiliser n'importe quel joueur. Mais donnons-lui sa chance. Prego.
Allez viens j't'emmène au vent ragazzo
Wheels of Aurelia est un titre difficile à appréhender en tant que véritable jeu. Le joueur suit la jeune Lella lors de son périple transalpin d'une autre époque, noyé dans l'atmosphère du pays d'il y a 40 ans. C'est un choix de sujet audacieux, d'autant plus que le jeu est aussi avare en possibilités d'actions, avec un gameplay fortement axé sur l'histoire et son déroulement. La temporalité ne paraît bien entendu pas très accrocheuse à priori, surtout pour la plupart des joueurs non italiens. Au mieux, on s'intéressera de près aux événements historiques de cette époque, au risque de laisser de côté les vrais enjeux de l'histoire, au pire le contexte et les références nous passeront totalement au-dessus de la tête. Mais le plaisir persiste si l'on prend le jeu pour ce qu'il est avant tout, à savoir un visual novel vintage en mode road trip. En parcourant la célèbre Via Aurelia, la protagoniste rencontrera un ensemble de personnages variés et colorés avec qui elle partagera la route et fera causette.
Une grande partie de l'expérience de Wheels of Aurelia repose en effet sur le dialogue. Le joueur peut choisir son type de voiture et sa couleur, la partie commence alors avec Lella, en manque de cigarette et désespérée de quitter sa maison. Pour une raison inconnue au départ, elle décide spontanément de conduire, conduire et conduire encore en commençant son voyage avec sa nouvelle amie Olga. Malgré leurs personnalités très différentes, l'amitié peut évoluer pendant leur trajet, ou peut-être qu'Olga sera laissée sur le bord de la route, c'est au joueur de décider. La voiture se déplace automatiquement, seul le bouton B permet d'accélérer tandis que le stick gauche vous fait changer de direction, entre autres pour éviter les circulations trop denses. Quels que soient vos choix, ils auront leurs conséquences dans les seize histoires possibles aux dénouements différents. Trois décisions majeures influencent la destinée de la partie : les chemins empruntés, les personnes récupérées en route et les choix dans les dialogues. Évidemment, certaines histoires sont plus courtes et moins passionnantes que d'autres. Les aventures rapidement expédiées d'une dizaine de minutes peuvent faire râler, mais le principe ici est justement de pousser à la rejouabilité pour trouver le moyen d'accéder à toutes les histoires, certaines pouvant atteindre la demi-heure de temps de jeu. Malheureusement, un sentiment de répétition peur surgir, une chose évidente quand on parle de refaire le même jeu encore et encore, surtout lorsque celui-ci est pratiquement dénué d'action. Par ailleurs, une certaine frustration peut naître puisque les dernières fins sont assez difficiles à trouver. Sans prendre de notes, le joueur pourrait oublier quelles combinaisons de chemins et quelles interactions n'ont pas encore été testées.
On the road again
Pour autant, le jeu fait de son mieux pour éviter l'ennui et intervient dans les médiations en vous permettant de commencer la partie depuis différents points du parcours, de sorte que vous ne commenciez pas systématiquement de la même manière. Comme évoqué auparavant, trois actions distinctes permettent d'influencer sur la fin obtenue. Premièrement, Lella peut demander aux personnages, comme les auto-stoppeurs, de la rejoindre, de relever des petits défis, ou simplement décider de les laisser tranquilles. Au tableau des crédits accordés au jeu, il faut reconnaître que ces personnages rencontrés sont très divers, nombreux, parfois étranges, parfois intéressants, mais toujours riches en conversations. Ensuite, les chemins choisis peuvent vous emmener dans différentes villes, permettant de suivre un objectif en particulier ou de l'abandonner pour se livrer à une autre quête. Enfin, l'essence du jeu étant le voyage et les rencontres, vous aurez l'occasion en cours de route de converser avec tous les personnages avec lesquels vous pourrez interagir, provoquant des situations parfois inédites. Il arrivera à Lella d'être impliquée dans un braquage de banque ou des courses-poursuites dans les rues des villes, ou encore d'aider la police à traquer des fascistes. Il est plutôt très intéressant de voir comment des issues totalement différentes peuvent se matérialiser en fonction de la moindre décision prise. Les personnages sont quant à eux suffisamment bien écrits pour que le fait de voir comment chacun dévoile son secret et ses objectifs demeure un moment amusant. Mais à la longue, les limitations de l'expérience peuvent se ressentir. La multiplicité des personnes rencontrées est bien entendu une bonne chose, puisque chacun permet d'en apprendre un peu plus sur l'autre en fonction des dialogues choisis. Cependant, après plusieurs parties sur la même route, le joueur aura intégré tout ce que certains personnages pouvaient dire. C'est à ce moment-là qu'il devient plus facile de simplement les ignorer sans profiter pleinement de l'expérience.
Le cadre historique de l'Italie à cette époque apporte une couche supplémentaire bienvenue à la narration. En complément des personnages fictifs rencontrés, le joueur sera également confronté au contexte politique et sociétal de ces années, frôlant des sujets et événements réels et matures comme la légalisation de l'avortement ou les Brigades Rouges et l'enlèvement d'Aldo Moro. Gros point fort du jeu, son habillage général, quant à lui, fait mouche. La direction artistique minimaliste pourra en rebuter plus d'un, mais la palette de couleurs propre à l'Italie des années 70 semble prendre ici tout son sens, puisqu'elle respire le travail artisanal, qu'il s’agisse des sessions en ville ou des paysages plus naturels. De son côté, la bande-son est tout bonnement géniale et vaut à elle seule de se plonger un tant soit peu dans cette aventure. Tous les morceaux à la sauce seventee's sont totalement originaux, composés spécialement pour ce titre et créent une atmosphère très relaxante et inhabituelle dans un jeu vidéo.
Ah l'Italie... Ses tours pas droites, ses plages remplies d'Allemands en chaussettes et sandales, ses mains qui parlent mieux que soi-même, ses plats traditionnels que nous français hautains dégustons en boîtes de conserve... Développé par Santa Ragione et publié sur Nintendo Switch par Mixed Bag, Wheels of Aurelia nous fait voyager à travers ce pays fabuleux dans l'époque particulière des années 70 et nous offre ici plus qu'un jeu, une véritable expérience minimaliste qui pourrait déstabiliser n'importe quel joueur. Mais donnons-lui sa chance. Prego.
Allez viens j't'emmène au vent ragazzo
Wheels of Aurelia est un titre difficile à appréhender en tant que véritable jeu. Le joueur suit la jeune Lella lors de son périple transalpin d'une autre époque, noyé dans l'atmosphère du pays d'il y a 40 ans. C'est un choix de sujet audacieux, d'autant plus que le jeu est aussi avare en possibilités d'actions, avec un gameplay fortement axé sur l'histoire et son déroulement. La temporalité ne paraît bien entendu pas très accrocheuse à priori, surtout pour la plupart des joueurs non italiens. Au mieux, on s'intéressera de près aux événements historiques de cette époque, au risque de laisser de côté les vrais enjeux de l'histoire, au pire le contexte et les références nous passeront totalement au-dessus de la tête. Mais le plaisir persiste si l'on prend le jeu pour ce qu'il est avant tout, à savoir un visual novel vintage en mode road trip. En parcourant la célèbre Via Aurelia, la protagoniste rencontrera un ensemble de personnages variés et colorés avec qui elle partagera la route et fera causette.
Une grande partie de l'expérience de Wheels of Aurelia repose en effet sur le dialogue. Le joueur peut choisir son type de voiture et sa couleur, la partie commence alors avec Lella, en manque de cigarette et désespérée de quitter sa maison. Pour une raison inconnue au départ, elle décide spontanément de conduire, conduire et conduire encore en commençant son voyage avec sa nouvelle amie Olga. Malgré leurs personnalités très différentes, l'amitié peut évoluer pendant leur trajet, ou peut-être qu'Olga sera laissée sur le bord de la route, c'est au joueur de décider. La voiture se déplace automatiquement, seul le bouton B permet d'accélérer tandis que le stick gauche vous fait changer de direction, entre autres pour éviter les circulations trop denses. Quels que soient vos choix, ils auront leurs conséquences dans les seize histoires possibles aux dénouements différents. Trois décisions majeures influencent la destinée de la partie : les chemins empruntés, les personnes récupérées en route et les choix dans les dialogues. Évidemment, certaines histoires sont plus courtes et moins passionnantes que d'autres. Les aventures rapidement expédiées d'une dizaine de minutes peuvent faire râler, mais le principe ici est justement de pousser à la rejouabilité pour trouver le moyen d'accéder à toutes les histoires, certaines pouvant atteindre la demi-heure de temps de jeu. Malheureusement, un sentiment de répétition peur surgir, une chose évidente quand on parle de refaire le même jeu encore et encore, surtout lorsque celui-ci est pratiquement dénué d'action. Par ailleurs, une certaine frustration peut naître puisque les dernières fins sont assez difficiles à trouver. Sans prendre de notes, le joueur pourrait oublier quelles combinaisons de chemins et quelles interactions n'ont pas encore été testées.
On the road again
Pour autant, le jeu fait de son mieux pour éviter l'ennui et intervient dans les médiations en vous permettant de commencer la partie depuis différents points du parcours, de sorte que vous ne commenciez pas systématiquement de la même manière. Comme évoqué auparavant, trois actions distinctes permettent d'influencer sur la fin obtenue. Premièrement, Lella peut demander aux personnages, comme les auto-stoppeurs, de la rejoindre, de relever des petits défis, ou simplement décider de les laisser tranquilles. Au tableau des crédits accordés au jeu, il faut reconnaître que ces personnages rencontrés sont très divers, nombreux, parfois étranges, parfois intéressants, mais toujours riches en conversations. Ensuite, les chemins choisis peuvent vous emmener dans différentes villes, permettant de suivre un objectif en particulier ou de l'abandonner pour se livrer à une autre quête. Enfin, l'essence du jeu étant le voyage et les rencontres, vous aurez l'occasion en cours de route de converser avec tous les personnages avec lesquels vous pourrez interagir, provoquant des situations parfois inédites. Il arrivera à Lella d'être impliquée dans un braquage de banque ou des courses-poursuites dans les rues des villes, ou encore d'aider la police à traquer des fascistes. Il est plutôt très intéressant de voir comment des issues totalement différentes peuvent se matérialiser en fonction de la moindre décision prise. Les personnages sont quant à eux suffisamment bien écrits pour que le fait de voir comment chacun dévoile son secret et ses objectifs demeure un moment amusant. Mais à la longue, les limitations de l'expérience peuvent se ressentir. La multiplicité des personnes rencontrées est bien entendu une bonne chose, puisque chacun permet d'en apprendre un peu plus sur l'autre en fonction des dialogues choisis. Cependant, après plusieurs parties sur la même route, le joueur aura intégré tout ce que certains personnages pouvaient dire. C'est à ce moment-là qu'il devient plus facile de simplement les ignorer sans profiter pleinement de l'expérience.
Le cadre historique de l'Italie à cette époque apporte une couche supplémentaire bienvenue à la narration. En complément des personnages fictifs rencontrés, le joueur sera également confronté au contexte politique et sociétal de ces années, frôlant des sujets et événements réels et matures comme la légalisation de l'avortement ou les Brigades Rouges et l'enlèvement d'Aldo Moro. Gros point fort du jeu, son habillage général, quant à lui, fait mouche. La direction artistique minimaliste pourra en rebuter plus d'un, mais la palette de couleurs propre à l'Italie des années 70 semble prendre ici tout son sens, puisqu'elle respire le travail artisanal, qu'il s’agisse des sessions en ville ou des paysages plus naturels. De son côté, la bande-son est tout bonnement géniale et vaut à elle seule de se plonger un tant soit peu dans cette aventure. Tous les morceaux à la sauce seventee's sont totalement originaux, composés spécialement pour ce titre et créent une atmosphère très relaxante et inhabituelle dans un jeu vidéo.